Cinq questions qui se posent sur l’énergie éolienne en France

PlanèteENERGIE – Combien y’a-​t-​il d’éo­liennes en France ? Que deviennent-​elles une fois usées, quels cri­tiques lui oppose-​t-​on ?… Le débat est vif autour de l’ins­tal­la­tion d’éo­liennes en France, deux fois plus nom­breuses qu’il y a quatre ans. Voici cinq ques­tions que l’on se pose sur cette éner­gie renou­ve­lable. 2019–12-10T19:12:20.156Z – Caroline QuevrainL’éolien, tout le monde – ou presque – le plé­bis­cite, mais peu sont ceux qui veulent de ces immenses pales dans son champ de vision. Pourtant, près de 8.000 éoliennes ter­restres, répar­ties sur 1.380 parcs, jalonnent désor­mais le ter­ri­toire, en par­ti­cu­lier les Hauts-​de-​France et le Grand Est. La dyna­mique est bonne pour cette éner­gie renou­ve­lable. Voici les réponses aux ques­tions que pose son développement. 

Que repré­sente l’éolien dans la consom­ma­tion d’électricité en France ? 

L’objectif de la France étant la neu­tra­li­té car­bone d’ici 2050, le gou­ver­ne­ment met l’accent sur le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables. Ainsi, le nombre d’éoliennes a dou­blé en quatre ans : elles étaient 4 200 en 2015, elles sont aujourd’­hui 7 950, ins­tal­lées dans 1 380 parcs. Soit une puis­sance de 15 317 méga­watts (MW) à la date du 31 mars 2019, selon les don­nées du minis­tère de la Transition éco­lo­gique. Au pre­mier semestre 2019, l’éolien a pro­duit 6,9 % de la consom­ma­tion d’électricité fran­çaise et le gou­ver­ne­ment table sur un objec­tif de 30 % d’i­ci 2030. Une part éner­gé­tique à repla­cer tou­te­fois dans son contexte : les trois-​quarts de l’électricité en France sont encore pro­duits par le nucléaire, seule­ment un quart émane d’énergies renou­ve­lables. L’électricité repré­sente envi­ron la moi­tié du mix éner­gé­tique tan­dis que l’autre est encore allouée aux éner­gies fos­siles, le char­bon et le pétrole. 

“L’objectif est de dou­bler, voire tri­pler, la pro­duc­tion éolienne d’ici 2030”, selon Grégoire Souchay, jour­na­liste et auteur de l’ouvrage “Les mirages de l’éolien”. Pour ce faire, le gou­ver­ne­ment mise sur la mer avec 11 pro­jets d’éoliennes off­shore en cours. Les pre­miers parcs devraient opé­ra­tion­nels devraient être opé­ra­tion­nels d’ici 2021–2022 au large de Courseulles-​sur-​Mer, Saint-​Brieuc, Saint-​Nazaire, Yeu-​Noirmoutier, Fécamp, Dunkerque et de Dieppe-​Le Tréport.Quels sont les pays euro­péens les plus dans le vent ? 

Selon les der­niers chiffres EurObserv’ER, le pre­mier pays pro­duc­teur d’énergie éolienne en 2018 au sein de l’Union euro­péenne est l’Allemagne. Suivent ensuite le Royaume-​Uni, l’Espagne et puis la France, en qua­trième posi­tion. L’énergie éolienne repré­sente 14 % de l’électricité euro­péenne pro­duite. Lire aus­si“Je n’ai jamais enten­du ça de ma vie” : sous les éoliennes, son quo­ti­dien est impos­sibleQue fait-​on d’une éolienne qui ne fonc­tionne plus ? 

L’éolienne a une durée de vie de vingt à trente ans : une fois obso­lète, elle est donc déman­te­lée. Selon France Energie Éolienne, elle peut être recy­clée à 95 %. En effet, une éolienne est consti­tuée de béton et d’acier à 90 % (le mat) et à 10 % de fibres de verre ou de car­bone (les pales). Le pro­blème réside jus­te­ment dans le trai­te­ment de ces pales, dif­fi­ciles à recy­cler. Pour l’instant, elles sont pour la plu­part concas­sées et uti­li­sées en tant que com­bus­tibles dans les cimen­te­ries, la France n’ayant pas suf­fi­sam­ment anti­ci­pé leur ges­tion après uti­li­sa­tion. “On tra­vaille là-​dessus”, assure de son côté France Energie Éolienne.Pourquoi dit-​on que ça pollue ? 

“Une éolienne n’émet pas de gaz à effet de serre lorsqu’elle fonc­tionne”, selon Grégoire Souchay, “mais elle engendre de la pol­lu­tion à sa construc­tion et à son déman­tè­le­ment”. Au-​delà de la pol­lu­tion atmo­sphé­rique, il y a éga­le­ment la ques­tion de sa pol­lu­tion visuelle et sonore. Pour beau­coup, les prin­ci­pales nui­sances pro­viennent de sa taille, gênante dans le pay­sage, et du bruit engen­dré par le mou­ve­ment de ses pales. Là-​dessus, la loi impose une dis­tance mini­male d’implantation de 500 mètres des habi­ta­tions ain­si qu’un seuil sonore ne pou­vant excé­der 35 décibels. 

Pourtant, des citoyens se sont plaints de troubles pou­vant être pro­vo­qués par des éoliennes, tels que des insom­nies, des maux de tête ou des nau­sées. Ici, le mal est dif­fi­cile à prou­ver puisqu’il pour­rait être lié à un bruit inau­dible éma­nant des éoliennes. Ces ultra­sons sont au cœur des inquié­tudes de nom­breux rive­rains, notam­ment d’agriculteurs. Au début de l’année, Médiacités Nantes a lon­gue­ment enquê­té sur le cas de vaches en Loire-​Atlantique ayant adop­té un com­por­te­ment étrange après l’installation en 2012 d’un parc éolien non loin de leur habi­tat. Bien qu’une ving­taine d’études aient été réa­li­sées sur le parc, aucun lien de cause à effet n’a été éta­bli à ce jour.Pourquoi le sujet divise-​t-​il autant ? 

L’urgence cli­ma­tique est bien réelle, plus per­sonne ‑ou presque- ne le réfute et les éner­gies renou­ve­lables font par­tie de la tran­si­tion éco­lo­gique. Pour autant, l’expansion d’éoliennes en France n’est pas vue d’un bon œil par tous, et c’est un euphé­misme. Le sujet est en effet en proie à un réel com­bat entre “pro” et “anti”. “Les anti-​éoliens ne font que retar­der le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables et la tran­si­tion éner­gé­tique”, déplore France Energie Éolienne. “Ils jouent sur les peurs et les angoisses des gens et c’est irresponsable.”

Grégoire Souchay a pu consta­ter ce cli­vage lui-​même : “Chaque camp reprend le débat à son compte. Les anti-​éoliens se basent sur les témoi­gnages exis­tants pour faire valoir leurs argu­ments et les pro-​éoliens réduisent ces témoi­gnages à néant.” Selon l’auteur, le mou­ve­ment anti-​éolien a su faire peau neuve en pre­nant en compte doré­na­vant la ques­tion éner­gé­tique. D’une “oppo­si­tion de proxi­mi­té” –pay­sage gâché, aucune consul­ta­tion des citoyens en amont…-, on serait pas­sé à une véri­table “contes­ta­tion sym­bo­lique”, comme lors du pro­jet d’aéroport à Notre-​Dame-​des-​Landes, fina­le­ment aban­don­née après la fronde écologiste.Caroline QuevrainMis à jour : 
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