A Port-la-Nouvelle, contestation autour du grand projet d’extension du port
Port-la-Nouvelle (Aude), en avril 2018. RAYMOND ROIG /AFPDes éoliennes en mer, de l’hydrogène, mais aussi du pétrole et du blé. A Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, le port centenaire qui compte 6 000 habitants, va connaître un lifting impressionnant. La région Occitanie, gestionnaire des ports depuis 2008, veut y construire « un hub de la transition énergétique », selon Jean-Romain Brunet, conseiller maritime au cabinet de la présidence de région. « Nous avons fait le choix de cette commune pour préparer le monde qui vient, celui des nouvelles énergies et en prévision des évolutions du commerce mondial. Le tout, dans un bassin de vie sinistré », explique-t-il. La région, unique financeur des travaux, y met les moyens : 233,9 millions d’euros hors taxes d’investissement, dont 199 millions pour l’aménagement des digues, et 29 millions pour l’aménagement des quais et dragages. Transition énergétique donc, avec la construction de nouveaux quais pour le montage de sept éoliennes en mer (fabriquées par Engie), qui seront ensuite acheminées à 15 kilomètres des côtes, mais aussi nouvelle digue pour accueillir d’énormes pétroliers – 180 mètres de long. Enfin, construction d’immenses hangars pour y stocker des blés durs et tendres, destinés à l’exportation. Lire aussi Eoliennes, hydroliennes… : où en sont les énergies marines en France ? En tout, ce sont environ 3 km de jetées qui vont sortir de l’eau : la digue Nord, la plus importante, perpendiculaire à la côte et de 2,3 km de longueur, et la digue Sud de 600 mètres en prolongation oblique de la jetée actuelle. Leur construction va exiger l’extraction et le transport de 4 millions de tonnes de matériaux de carrière et de 11 millions de m3 de sédiments marins. « Si on ne fait rien, le port est foutu » Pour le maire divers droite de la commune, Henri Martin, « après Sète [Hérault] et Marseille, Port-la-Nouvelle a une longue histoire de commerce et de pêche. Si on ne fait rien, dans un nouveau contexte mondial, le port est foutu. Ici, on va inventer un site non polluant, sans usines ni fumées, avec des bateaux de nouvelle génération beaucoup plus propres. » L’élu précise que la municipalité participera à hauteur de 30 millions d’euros, avec le conseil départemental, pour des travaux qui devraient s’achever fin 2022, effectués principalement par Bouygues, qui a remporté la plupart des appels d’offres sur plusieurs lots. Le projet faisait jusqu’alors consensus, même chez les élus écologistes de la région. Mais fin octobre 2019, un vœu proposé en assemblée régionale pour mettre en place un moratoire, porté par le groupe de La France insoumise (LFI), a fissuré la belle entente.
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